"[...] at the precise moment when the avant-garde was moving away from figuration, narrative compositions, and genre painting in favour of formalism and abstraction, Chagall reintroduced traditional themes and religious subject matter. This decision, though defining for Chagall, represented the beginning of a deep rift between the artist and the avant-garde"
Beneath the weightless quality of his brightly coloured flying musicians, violin-playing goats, and lovers suspended in midair, there lies something heavier in Chagall’s oeuvre: memory, displacement, and survival. With such gravitas, Après la lecture (Homme lisant) showcases Chagall’s use of highly personal mythology to create a fantastical realm blending the imagery and traditions of his Russian heritage with modern stylistic innovations, notably Cubism, Fauvism, and Symbolism, discovered in his adopted country of France. Speaking to the artist’s tireless desire to push the boundaries of pictorial representation, Après la lecture (Homme lisant) asserts the artist as a member of the avant-garde whilst testifying to his unique style and depth of creative vision.
Born Moyshe Segal in the Pale of Settlement, Chagall grew up in a segregated Jewish community where Tsarist laws confined Jews to the empire’s borders. Life in the shtetl was defined by poverty and a lack of formal education. Art was nearly nonexistent, but stories, prayers, and tradition filled the gaps. Chagall’s works thus absorbed elements of Russian folk art, Hasidic Judaism, and personal memories from his early life—market vendors, visiting rabbis, farm animals, and family members. Après la lecture (Homme lisant) depicts a man reading alone. He sits hunched over a book, his fingers stained with ink, his head resting on his hand, his eyes tired but fixed on the words, back bent as if the weight of the words is pressing him down. Outside of his reading room, a carriage is flying towards a floating house. A sign of the artist's taste for Modernism, the perspective is twisted, the colours enhanced, and the figures distorted and set against a dream-like backdrop. The familiar subjects of the reading man, the driving carriage, or the house, become symbols speaking of an intangible experience: perhaps a desire to go home, or simply for freedom, which would be foreign to Russian Jews who needed government-issued licenses to simply be.
Executed in 1930, Après la lecture (Homme lisant) sits at a crucial point in the artist’s oeuvre. As fascism was spreading across Europe, his work began to shift from romance to tragedy. Once filled with joyful nostalgia, the Jewish communities he had spent his career preserving in paint were under existential threat. The images he created became haunting premonitions, changing in tone with knowledge of what was to come. “If I were not a Jew,” Chagall once said, “I wouldn’t have been an artist.” His paintings, strange and luminous, were ultimately acts of remembrance—records of a world that was already disappearing, even as he painted it.

In 1937, Marc Chagall was officially labeled a degenerate artist by the Nazi regime, and his works were later included in the infamous Degenerate Art (Entartete Kunst) exhibition in Munich that same year. The exhibition, orchestrated by Joseph Goebbels, sought to mock and condemn modernist movements, including Chagall’s dreamlike, folkloric compositions, which were deemed incompatible with Nazi ideals. His painting La Prise (Rabbin) was prominently displayed alongside other avant-garde works, with derogatory captions attacking his Jewish heritage and artistic style. As a result, Chagall’s works were removed from German museums, and he later fled to the United States in 1941 to escape persecution.
From 1937 onward, as the political climate in Europe grew increasingly hostile, Chagall’s palette shifted, with his once-vibrant colors giving way to more somber tones. The anguish of European Jews under Nazi persecution deeply influenced his work, infusing it with a sense of mourning and loss. Unlike many of his contemporaries who perished during the war, Chagall endured, continuing to paint for eight decades. His long life allowed him to bear witness to both the destruction of his cultural heritage and its resilience, shaping his later works into a poignant testament to survival and memory.
More than any other artist, Chagall was able to express the Jewish experience throughout the tumultuous years of the 20th Century. As Susan Tamarkin Goodman has remarked, “Chagall, as a Jewish artist, was able to encapsulate a lost world in his expressive and instantly recognizable images... He offered narrative art that met the psychological needs of the moment and gave pleasure and consolation as could no other artist” (quoted in Exh. Cat., New York, The Jewish Museum, Chagall, Love, War and Exile, 2013, p. 75).
"[...] au moment précis où l’avant-garde s’éloignait de la figuration, des compositions narratives et de la peinture de genre au profit du formalisme et de l’abstraction, Chagall réintroduisit des thèmes traditionnels et des sujets religieux. Cette décision, bien que déterminante pour Chagall, marqua le début d’une profonde rupture entre l’artiste et l’avant-garde."
Sous la légèreté apparente de ses musiciens volants aux couleurs vives, de ses chèvres jouant du violon et de ses amoureux suspendus dans les airs, se cache quelque chose de plus profond dans l’œuvre de Chagall : la mémoire, le déracinement et la survie. Avec une telle gravité, Après la lecture (Homme lisant) illustre l’usage que fait Chagall d’une mythologie hautement personnelle pour créer un univers fantastique mêlant l’imagerie et les traditions de son héritage russe aux innovations stylistiques modernes, notamment le cubisme, le fauvisme et le symbolisme, découvertes dans son pays d’adoption, la France. Témoignant du désir incessant de l’artiste de repousser les limites de la représentation picturale, Après la lecture (Homme lisant) affirme son appartenance à l’avant-garde tout en attestant de son style unique et de la profondeur de sa vision créative.
Né Moyshe Segal dans la zone de résidence juive de l’Empire russe, Chagall grandit dans une communauté juive ségréguée, où les lois tsaristes confinaient les Juifs aux frontières de l’empire. La vie dans le shtetl était marquée par la pauvreté et l’absence d’éducation formelle. L’art y était presque inexistant, mais les histoires, les prières et la tradition comblaient ce vide. Les œuvres de Chagall absorbèrent ainsi des éléments de l’art populaire russe, du judaïsme hassidique et des souvenirs personnels de son enfance : marchands ambulants, rabbins de passage, animaux de ferme et membres de sa famille. Après la lecture (Homme lisant) représente un homme lisant seul. Courbé sur son livre, les doigts tachés d’encre, la tête appuyée sur sa main, les yeux fatigués mais rivés sur les mots, le dos voûté comme si le poids des mots l’écrasait. Hors de sa salle de lecture, une calèche s’élance vers une maison flottante. Signe du goût de l’artiste pour le modernisme, la perspective est distordue, les couleurs sont intensifiées, les figures déformées et placées dans un décor onirique. Les sujets familiers que sont l’homme lisant, la calèche en mouvement ou la maison deviennent des symboles évoquant une expérience intangible : peut-être un désir de retour au foyer, ou simplement de liberté, une notion étrangère aux Juifs de Russie, qui devaient posséder des permis délivrés par le gouvernement pour pouvoir se déplacer.
Réalisé en 1930, Après la lecture (Homme lisant) se situe à un moment crucial de l’œuvre de l’artiste. Alors que le fascisme se propageait en Europe, son travail commença à évoluer, passant de la romance à la tragédie. Autrefois empreintes de nostalgie joyeuse, les communautés juives qu’il avait passé sa carrière à immortaliser en peinture étaient désormais menacées d’extinction. Les images qu’il créait devinrent des présages troublants, changeant de ton à mesure que se dessinait l’avenir. « Si je n’étais pas juif, disait Chagall, je ne serais pas artiste. » Ses peintures, étranges et lumineuses, étaient en fin de compte des actes de mémoire—des témoignages d’un monde qui était déjà en train de disparaître, même au moment où il le peignait.
En 1937, Marc Chagall fut officiellement désigné comme un artiste dégénéré par le régime nazi, et ses œuvres furent ensuite incluses dans la tristement célèbre exposition Art Dégénéré (Entartete Kunst) à Munich la même année. Organisée par Joseph Goebbels, cette exposition visait à ridiculiser et condamner les mouvements modernistes, y compris les compositions oniriques et folkloriques de Chagall, jugées incompatibles avec les idéaux nazis. Son tableau La Prise (Rabbin) fut exposé en bonne place aux côtés d'autres œuvres d’avant-garde, accompagné de légendes diffamatoires attaquant à la fois son héritage juif et son style artistique. En conséquence, ses œuvres furent retirées des musées allemands, et il dut finalement fuir aux États-Unis en 1941 pour échapper à la persécution.
À partir de 1937, alors que le climat politique en Europe devenait de plus en plus menaçant, la palette de Chagall évolua : ses couleurs vives cédèrent la place à des tons plus sombres. L’angoisse des Juifs européens face à la persécution nazie marqua profondément son travail, y insufflant un sentiment de deuil et de perte. Contrairement à de nombreux contemporains qui périrent durant la guerre, Chagall survécut et continua à peindre pendant huit décennies. Sa longue vie lui permit d’être le témoin à la fois de la destruction de son patrimoine culturel et de sa résilience, façonnant ainsi ses œuvres tardives en un poignant témoignage de mémoire et de survie.
Plus que tout autre artiste, Chagall réussit à exprimer l’expérience juive à travers les bouleversements du XXe siècle. Comme l’a souligné Susan Tamarkin Goodman : « Chagall, en tant qu’artiste juif, a su encapsuler un monde perdu dans ses images expressives et immédiatement reconnaissables… Il a offert un art narratif qui répondait aux besoins psychologiques du moment et apportait un plaisir et une consolation qu’aucun autre artiste ne pouvait égaler » (cité dans Exh. Cat., New York, The Jewish Museum, Chagall, Love, War and Exile, 2013, p. 75).