Serge Poliakoff, Composition verte, lot 23 of this sale.
Florian PERLOT pour ArtDigitalSt

Sotheby's is pleased to offer for sale three works by Serge Poliakoff from the collection of Niomar Moniz Sodré Bittencourt, produced in 1954, 1955 and 1956, pivotal years in the artist's career.

In 1955, after fleeing the Russian Revolution in 1917, studying and living between Paris and London, Poliakoff settled permanently in the heart of Saint-Germain-des-Près, at 51 rue de Seine. Although his encounters with Wassily Kandinsky, Robert and Sonia Delaunay and Otto Freundlich had led him to abstraction by 1938, he definitively abandoned figuration from this period onwards, asserting a truly personal style:

“Increasingly detached from oriental folk influences, Poliakoff is on the way to a virile, stripped-down, sensational painting”
Pierre Gueguen, Art d'aujourd'hui, October 1951

The discovery of Malevich's Cubo-Futurism and Suprematism in the early 1950s contributed to the maturing of this style, leading him to reduce his chromatic ranges and purify his pictorial language. The 1950s also saw his reputation grow: after winning the Kandinsky Prize in 1947, he enjoyed great success at the Salon des Réalités Nouvelles and then the Salon de Mai, and took part in an increasing number of solo and group exhibitions in France and abroad. Inspired by his work as a musician, the Russian icons of his childhood and Suprematist essentialism, Poliakoff concentrated his research on a perfect synthesis of form and color in these three works.

During these years, in line with the essentialism to which the artist aspired, color was reduced to few shades. Composition orange (lot 10), for example, is essentially composed of warm, close-together shades of orange, while Composition verte (lot 23) features a background composed of a variety of bronze-green hues from the same range.

The meeting of colors no longer creates violent contrasts, but subtle sonic interactions between them, suggesting a certain vibration of the canvas surface. Composition verte (lot 23) echoes a description by Albert Schulze-Vellinghausen in the Frankfurter Allgemeine Zeitung of a comparable work by Poliakoff: “It's geology come to life. Geological, too, are his colors, which recall the nuances of the earth; Poliakoff - in this, fully Russian - adheres to the “sacred” canon that governed the world of icons: green, earthy umber, and also a warm golden yellow, represent, as it were, the cosmos in which a red or a blue suddenly emerges and then, like a vision, fades away”. (Exh. Cat., Mons, Musée des Beaux-Arts de Mons, Serge Poliakoff Rétrospective, p. 112)

At the heart of these three works, too, emerges a red, white or blue, in radical contrast to the nuanced ranges of the background. The dominant red is no longer in the collaborative relationship it usually maintains with the other colors; the latter now act as a choir at its service, dedicated to exalting it and spreading its radiance. The white and black strokes in Composition verte (lot 23) and Composition orange (lot 10) play the same role, accentuated by the chalk and charcoal powder that Poliakoff regularly adds to the oil. The artist also grinds his own pigments, denigrating the blandness of traditional paint tubes.

As his palette of natural pigments was reduced to a few shades, all the nuances of his painting are created by superimposition or mixing. Methodically applied in successive layers, the color sometimes hints at the underlying hue; at other times, small irregularities in the material allow the previous hue to show through, like the green that appears behind its red complement in Composition verte (lot 23). Similarly, the warmth of chamois paper shines through the cold nuances of Composition (lot 26): through superimpositions and transparencies, each color takes on a certain materiality and sonority.

Above all, these three works are the fruit of an astonishing alliance between colors, materials and shapes; these terms, which language separates, are now unified by painting. Poliakoff's colored forms appear so obvious and necessary that they seem naturally self-generated: “Even though they evoke no borrowings from the ordinary visible world, they impose themselves on the eye with a force comparable to that which makes a rock, a landscape (...) producing the impression of absolute necessity, of something that goes without saying.” (Charles Estienne, 1951.)

For Poliakoff, this fusion of color and form tends toward “complete silence”. Although at first glance, these three works convey an absolute quietude, the brush or knife marks within each field of color, concentrated in a single point, engage a powerful dynamic towards the center of the painting.

These three works were produced at a decisive moment in the artist's career: in 1956, the year of Composition verte (lot 23), his exhibition at Galerie Bing “places him magnificently in the hierarchy of current values, in the light of the Ecole de Paris and Abstraction” (André Verdet). Niomar Moniz Sodré Bittencourt acquired three works by Poliakoff from the Bing gallery, as well as from the Bourdon gallery, for the Rio Museum of Modern Art, at the same time as she was building up her personal collection. A great supporter of contemporary artists, she maintained close friendships with some of them and regularly exchanged correspondence with Poliakoff.


Sotheby’s a le plaisir de proposer à la vente trois œuvres de Serge Poliakoff de la collection de Niomar Moniz Sodré Bittencourt, réalisées en 1954, 1955 et 1956, des années charnières et déterminantes dans la carrière de l’artiste.

Serge Poliakoff, Composition, lot 26 de cette vente.
Eléa Lefèvre

En 1955, après avoir fui la Révolution russe en 1917, étudié et vécu entre Paris et Londres, Poliakoff s’installe définitivement au cœur de Saint-Germain-des-Près, au 51 rue de Seine. Si la rencontre de Wassily Kandinsky, Robert et Sonia Delaunay et Otto Freundlich l’avaient mené à l’abstraction dès 1938, il abandonne définitivement la figuration à partir de cette période, affirmant un style véritablement personnel :

« De plus en plus détaché des influences folkloriques orientales, Poliakoff est en route vers une peinture virile, dépouillée, sensationnelle »
Pierre Gueguen, Art d’aujourd’hui, Paris, octobre 1951

La découverte du cubo-futurisme et du suprématisme de Malevitch au début des années 1950 contribue à la maturation de ce style et le mènent à réduire ses gammes chromatiques et à épurer son langage pictural. Ces années 1950 sont aussi celles d’une notoriété croissante : après avoir reçu dès 1947 le prix Kandinsky, il connaît un vif succès au Salon des Réalités Nouvelles puis au Salon de Mai, et participe à de plus en plus d’expositions personnelles et collectives, en France et à l’étranger. Ainsi soutenu par une reconnaissance internationale, inspiré de son travail de musicien, des icônes russes de son enfance et de l’essentialisme suprématiste, Poliakoff concentre dans ces trois œuvres ses recherches sur une synthèse parfaite entre la forme et la couleur.

Durant ces années, dans la lignée de l’essentialisme auquel l’artiste aspire, la couleur est réduite à peu de nuances. Ainsi, Composition orange est essentiellement composé de gammes orangées et chaudes, proches les unes des autres, tandis que Composition verte (lot 23) présente un fond composé d’une variété de teintes vert bronze de la même gamme.

La rencontre des couleurs ne crée plus de violents contrastes mais de subtiles interactions sonores entre elles, suggérant une certaine vibration de la surface de la toile. Composition verte fait écho à une description que dresse Albert Schulze-Vellinghausen dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung d’une œuvre comparable de Poliakoff : « C’est de la géologie qui s’anime. Géologiques aussi ses couleurs qui rappellent les nuances de la terre ; Poliakoff – en cela pleinement russe—s’en tient au canon « sacré qui régissait l’univers des icones : vert, terre d’ombre, et aussi un jaune d’or chaud, représentent en quelque sorte le cosmos dans lequel un rouge ou un bleu émerge soudain puis, tel une vision, s’efface ». (Cat. Exp., Mons, Musée des Beaux-Arts de Mons, Serge Poliakoff Rétrospective, p. 112)

Au cœur de ces trois œuvres également, émerge un rouge, un blanc ou un bleu, qui tranche radicalement avec les gammes nuancées du fond. Le rouge dominant n’est plus dans le rapport de collaboration qu’il entretient habituellement avec les autres couleurs ; ces dernières agissent désormais comme un chœur à son service, voué à l’exalter et à en diffuser le rayonnement. La touche blanche et noire dans Composition verte (lot 23) et Composition orange (lot 10) joue le même rôle, accentué par la craie et la poudre de fusain, que Poliakoff ajoute régulièrement à l’huile. L’artiste broie d’ailleurs ses propres pigments, dénigrant la fadeur des tubes de peinture traditionnels.

Sa palette de pigments naturels étant réduite à peu de teintes, toutes les nuances de sa peinture sont créées par superposition ou mélange. Déposée méthodiquement par couches successives, la couleur laisse parfois pressentir la teinte sous-jacente ; d’autres fois, elle laisse transparaître, par de petites irrégularités de la matière, la teinte précédente, comme le vert qui apparaît derrière sa complémentaire rouge dans Composition verte (lot 23) De même, la chaleur du papier chamois transparaît à travers les nuances froides de Composition (lot 26) : par superpositions et transparences, chaque couleur se pare ainsi d’une certaine matérialité et sonorité.

Ces trois œuvres sont surtout le fruit d’une étonnante alliance entre les couleurs, les matières et les formes ; ces termes que le langage sépare, sont désormais unifiés par la peinture. Les formes colorées de Poliakoff paraissent d’une telle évidence et nécessité qu’elles semblent naturellement autogénérées : « Alors même qu’elles n’évoquent aucun emprunt au monde visible ordinaire, elles s’imposent au regard avec une prégnance comparable à celle qui fait d’un rocher, d’un paysage (…) produisant l’impression d’une nécessité absolue, d’un cela va de soi. » (Charles Estienne, 1951, cité dans Cat. Exp., Mons, Musée des Beaux-Arts de Mons, Serge Poliakoff Rétrospective, p. 112).

Pour Poliakoff, cette fusion entre la couleur et la forme tend vers le « silence complet ». Si ces trois œuvres traduisent à première vue une quiétude absolue, les traces de pinceau ou de couteau à l’intérieur de chaque champ de couleur, concentrées en un seul point, engagent une puissante dynamique vers le centre du tableau.

Ces trois œuvres ont été réalisées à un moment déterminant de la carrière de l’artiste : en 1956, l’année de Composition verte, son exposition à la galerie Bing « le situe magnifiquement dans la hiérarchie des valeurs actuelles, à la lumière de l’Ecole de Paris et de l’Abstraction » (André Verdet). Trois œuvres de Poliakoff provenant de la galerie Bing, mais aussi de la galerie Bourdon, sont ainsi acquises par Niomar Sodré Bittencourt pour le musée d’art moderne de Rio, en même temps qu’elle constituait sa collection personnelle. Grand soutien pour les artistes de la création contemporaine, elle entretenait de profondes relations d’amitié avec certains d’entre eux et échangeait des correspondances régulières avec Poliakoff.